« Ainsi la reconnaissance doit-elle devenir plus transitive que réciproque. La vraie générosité, en écart à l’équilibre puisque sans réciproque, dynamique plus que statique – la réciprocité cherche à fabriquer une balance –, lance un nouveau temps qui peut devenir celui du bonheur. » Michel Serres (Morales espiègles, Ed.Le Pommier Manifeste, 2019.)
Parmi, les jours fériés sur l’île Espere, on compte la Fête de la Transitivité. Durant cette journée, chacun·e est invité·e, quel que soit son âge, à donner quelque chose émanant de soi et n’appelant pas de contre-don. Il s’agit de faire œuvre de générosité pour améliorer la quotidien d’autrui et celui des générations futures. S’occuper de la Nature, tel que planter des arbres, seul·le ou ensemble, apporter son aide à la construction ou la rénovation d’un logement ou d’une institution qui servira à tou·te·s… sont des exemples. Mais la créativité est pleinement recommandée ce jour-là afin de trouver des façons réjouissantes et originales d’être généreux et généreuses, sans avoir besoin d’un quelconque merci. Tout remerciement ou contre-don est d’ailleurs proscrit ce jour-là. Cela serait vécu comme une insulte… une insulte à l’authentique générosité. Seul est accepté un signe silencieux, les 2 mains jointes, en silence, en namasté non prononcé, qui exprime la « reconnaissance de l’autre comme étant soi » et non pas un merci. Il s’agit alors de signifier la relation d’âme à âme, en partage de la même condition humaine, au présent.